L’architecture néerlandaise : du patrimoine aux maîtres modernes

L’architecture de l’ère hollandaise

© Ernst Wagensveld via NBTC

À l’apogée économique de la République, l’ère hollandaise, la prospérité du pays se traduit par une floraison des arts et de la culture et par un essor des villes. Les bâtiments publics, tels que les mairies, sont rénovés ou reconstruits. Les marchands prospères affichent leur statut et leur richesse en faisant bâtir de grandes demeures, dont les plus connues se trouvent le long de la ceinture de canaux d’Amsterdam.

Dans les premières années de l’ère hollandaise, le style dominant mêlait tradition gothique et influence nouvelle de la Renaissance italienne. Les bâtiments étaient richement décorés de colonnes et de frontons. Ils associaient souvent des pierres naturelles claires et des briques rouges. L’un des architectes les plus célèbres de cette époque est Hendrick de Keyser, qui a construit la Oost-Indisch Huis, la Westerkerk et la Zuiderkerk à Amsterdam, l’hôtel de ville de Delft et de nombreux autres bâtiments de cette période.

Le classicisme : une simplicité brillante

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Vers les années 1630, le classicisme s’impose comme le principal mouvement de l’architecture néerlandaise. Les proportions symétriques évoquant l’antiquité classique, les saillies centrales proéminentes et les détails tels que les frontons triangulaires font partie des caractéristiques de ce style. L’un des grands pionniers du classicisme aux Pays-Bas est Jacob van Campen, qui a conçu le Palais royal d’Amsterdam (l’hôtel de ville de l’époque). Avec son contemporain Pieter Post, Van Campen a également dessiné la Mauritshuis à La Haye qui, transformée en musée, abrite aujourd’hui de nombreux tableaux importants des maîtres hollandais.

Pieter Post a également conçu de nombreux bâtiments importants de l’époque, dont l’hôtel de ville de Maastricht, le Goudse Waag à Gouda et le palais Huis ten Bosch, qui abrite aujourd’hui la famille royale néerlandaise. Parmi les autres édifices emblématiques de l’architecture classique, on peut citer le musée de la navigation à Amsterdam et le château d’Amerongen près d’Utrecht. Avec la fin de l’ère hollandaise, l’influence du classicisme s’est affaiblie et différents styles sont apparus au cours du XVIIIe siècle, notamment le baroque et le rococo.

Néogothique : Cuypers et le Rijksmuseum

© John Lewis Marshall

Le XIXe siècle se caractérise par un retour en arrière. Les architectes s’inspirent du néoclassicisme, du néorenaissance et du néogothique. Cette évolution culmine avec l’éclectisme de la seconde moitié du siècle. C’est l’époque où Pierre Cuypers, également connu sous le nom de P.J.H. Cuypers, l’un des architectes les plus connus des Pays-Bas, est à l’œuvre. Il construit la gare centrale d’Amsterdam, l’église Saint-Bavon à Haarlem sans oublier le Rijksmuseum. Achevé en 1885, le musée est l’un des plus importants exemples d’architecture néogothique.

L’Art nouveau ou Jugendstil, dont les éléments hautement décoratifs sont encore présents dans de nombreuses villes néerlandaises, est une réponse au renouveau et à l’historicisme du XIXe siècle. Pensez aux vitraux, aux motifs floraux, aux décorations en fer forgé, aux baies vitrées et aux loggias, ainsi qu’aux lettres asymétriques. La Huis van Lorrie de La Haye et l’hôtel New York de Rotterdam sont de beaux exemples de bâtiments Art nouveau.

Le rationalisme et l’essor du modernisme

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Au début du XIXe siècle, l’abondance joyeuse et le romantisme de l’Art nouveau cèdent la place au modernisme. La logique, le fonctionnalisme et l’uniformité étaient à l’ordre du jour. H.P. Berlage est l’architecte que l’on associe principalement à ce mouvement. Sa célèbre Beurs van Berlage à Amsterdam combine des éléments d’Art nouveau avec un sens aigu de la pureté et de l’innovation. Karel de Basel est également un partisan bien connu du rationalisme néerlandais. L’un de ses bâtiments les plus célèbres, De Bazel, abrite aujourd’hui les archives de la ville d’Amsterdam.

Du rationalisme à l’expressionnisme : l’école d’Amsterdam

Plusieurs nouveaux styles architecturaux apparaissent autour des années 1910. L’expressionnisme naît ainsi à Amsterdam exerce une grande influence dans tout le pays. On le connaît sous le nom d’école d’Amsterdam. L’une de ses principales caractéristiques est un extérieur dynamique, avec des façades ondulantes et des formes arrondies inhabituelles. Cette approche se reflète bien dans Het Schip (Le navire) à Amsterdam, conçu par Michel de Klerk. Une variante moins ludique et plus terre à terre de l’expressionnisme a été proposée par Willem Dudok, l’architecte de la ville d’Hilversum. Il a laissé son empreinte sur le caractère de la ville, dont l’hôtel de ville (voir les conseils d’experts) est peut-être l’exemple le plus impressionnant.

De Stijl à Het Nieuwe Bouwen

© Stijn Poelstra via Rietveld Schröderhuis

Lignes droites et couleurs primaires, De Stijl est un mouvement artistique et architectural coloré, optimiste, fonctionnel et, surtout, moderne qui a déferlé sur l’Europe dans la première moitié du XXe siècle. Piet Mondrian et Gerrit Rietveld ont joué un rôle clé dans son développement. N’oublions pas la maison Schröder construite par Rietveld à Utrecht. Ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO est décrit comme « un édifice emblématique du mouvement moderne de l’architecture ». Le fondateur de De Stijl, Theo van Doesburg, avait élu domicile dans le village frison de Drachten. Le lieu est donc une destination attrayante pour les amateurs de ce mouvement, qui y est omniprésent. Les visiteurs pourront admirer la palette de couleurs de Van Doesburg dans le quartier « Papegaaienbuurt » et se plonger dans la vaste collection d’art d’avant-garde du musée Dr8888.

© Rob Niemantsverdriet via RBT

« La forme est guidée par la fonction. » Légèreté, fonctionnalité et matériaux modernes, tels que le béton, l’acier et le verre, sont les principaux éléments du mouvement qui définira l’architecture moderniste néerlandaise du début au milieu du XXe siècle. Ce style architectural est connu sous le nom de fonctionnalisme ou Het Nieuwe Bouwen. Il se caractérise par des lignes droites, des façades en verre et l’absence de tout ce qui pourrait ressembler à de l’artisanat ou à de la décoration. L’usine Van Nelle qui a également été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et la maison Sonneveld, toutes deux situées à Rotterdam, en sont des exemples majeurs.

Le postmodernisme et les architectes innovants d’aujourd’hui

© Isabel Nabuurs

Tout au long des XXe et XXIe siècles, les architectes néerlandais et leurs idées ont continué à jouer un rôle important à travers le monde. Rem Koolhaas est l’un des plus connus. Il a construit des bâtiments emblématiques tels que la bibliothèque centrale de Seattle et la tour CCTV à Pékin. Aux Pays-Bas, vous pourrez visiter le Kunsthal à Rotterdam pour admirer l’œuvre de Koolhaas. Une autre agence très influente est MVRDV, qui a conçu l’incroyable Markthal à Rotterdam et le dépôt Boijmans Van Beuningen. Une visite s’impose !

L’adoption de pratiques circulaires visant à promouvoir la durabilité et à réduire les déchets dans la construction est un objectif clé pour les novateurs d’aujourd’hui. Le siège de l’Institut néerlandais d’écologie à Wageningen et le Little C à Rotterdam sont des exemples notables de cette démarche. Dans le même temps, les architectes répondent à de nouveaux défis tels que l’élévation du niveau de la mer, donnant ainsi naissance à des idées telles que le quartier flottant Schoonschip et de nouvelles approches de la construction en bois. Nous pensons donc pouvoir affirmer que les Néerlandais continueront à exercer une influence majeure sur l’architecture et les pratiques de construction à travers le monde.